5da6e87355f69286039979

Fermeture de Zone Téléchargement : la genèse du piratage informatique

De Napster à Zone Téléchargement, les plateformes de téléchargement illégales s’enchaînent depuis 15 ans.

La fermeture de Zone Téléchargement, le principal site français destiné à télécharger illégalement des films et des musiques protégés par droits d’auteur rappelle que les pirates ne peuvent pas agir en toute impunité. Toutefois l’histoire d’Internet montre qu’à cha que fermeture d’une plateforme de téléchargement illégale, une nouvelle s’impose sur la Toile.

Le P2P, la naissance du téléchargement illégal

Si des services de téléchargement existaient déjà avant Napster dont le lancement date de 1999, il est celui qui a démocratisé le téléchargement illégal de fichiers en peer to peer (P2P) grâce à son interface conviviale.

Le peer to peer est un réseau qui permet de partager des fichiers entre plusieurs ordinateurs connectés entre eux par Internet : un internaute joue le rôle de serveur, et l’autre de receveur. Si un internaute recherchait un fichier audio en particulier, le serveur central enregistrait sa demande et lui communiquait l’adresse IP et le numéro de port d’un autre utilisateur possédant le morceau recherché.

À cette date, les connexions Internet n’étaient pas aussi rapides qu’aujourd’hui, et le téléchargement d’un album complet pouvait prendre plusieurs jours. Toutefois, la facilité d’utilisation de Napster lui a permis d’enregistrer plus de 80 millions d’utilisateurs à son apogée.

Une telle activité avait déjà alerté les autorités américaines à l’époque qui avaient fait fermer la plateforme dès 2001. Pour la petite histoire, le logo et la marque Napster ont été rachetés pour être utilisés sur une plateforme de téléchargement de fichiers musicaux, légale cette fois-ci !

 Napster, le pionnier du peer to peer.

Une succession de sites de téléchargement illégaux

La fermeture de Napster permet à l’époque aux autres plateformes illégales de téléchargement de tirer leur épingle du jeux, la place étant libérée.

Nous pouvons citer le fameux eMule qui restera la référence du téléchargement illégal dans les années 2000. Ce dernier fonctionne lui aussi en P2P, mais avec un système de téléchargement amélioré. C’est ce que l’on appelle des torrents. Ce sont des fichiers destinés à informer des logiciels spécifiques (comme BiTorrent pour le plus connu) à quel ordinateur se connecter pour récupérer le morceau musical, le film, la série ou le jeux vidéo désiré.

La plateforme la plus renommée utilisant cette technologie est sans aucun doute The Pirate Bay, dont la naissance remonte à 2003 et qui se déclare être le plus grand serveur torrent du web. Son histoire est jalonnée de fermetures et de réouvertures, de procès judiciaires et de descentes de police. Certains pays, comme la France, on fait bloquer la plateforme. Néanmoins, si elle n’est plus disponible directement, elle est toujours accessible par des proxys (programmes servant d’intermédiaires pour accéder à un autre réseau).

Autre méthode de téléchargement, le DLL ou direct download. Avec cette méthode, l’internaute n’a plus besoin de passer par un autre tiers pour télécharger le fichier recherché. Le téléchargement se fait directement depuis le site, via un simple lien. MegaUpload était le plus gros site du genre et recensait des milliers de films, musiques et jeux vidéos en DLL. Tout aussi emblématique que son propriétaire, le fameux Kim Dotcom, MegaUpload hébergeait 25 pétaoctets de données sur plus de 700 serveurs à travers la planète. Créé en 2005, il a été fermé par le FBI en janvier 2012 pour violation des droits de copyright.

 The Pirate Bay, le plus grand serveur de torrents du web.

L’arrivée du haut débit et l’inefficacité d’Hadopi

Les années 2000 apportent aux internautes le tant attendu haut débit, et font exploser les téléchargements illégaux de fichiers. Un album ou un film qui prenait des jours à être récupéré ne prend à présent plus quelques minutes. Le succès et le nombre grandissant de séries TV pèse aussi dans la balance, tout comme le manque d’attrait pour les plateformes légales. En effet, quelques poids lourds comme Apple (avec iTunes) ou Sony ont tenté de se positionner sur ce marché à forte demande, mais pratiquaient des prix quasi identiques à ceux des CD, DVD et Blue-Ray. Ils furent donc boudés par les internautes.

En France, la création en 2009 de l’Hadopi (Haute Autorité pour la diffusion de oeuvres et la protection des droits sur Internet) chargée de surveiller et réprimander les internautes téléchargeant des fichiers illégaux ne freine aucunement le piratage sur Internet. Cette inefficacité a soulevé la question du maintient d’Hadopi et de son utilité. Un amendement voté par l’Assemblée Nationale en avril 2016 prévoit sa suppression pour 2022.

Le streaming, le nouveau mode de consommation de vidéos et musiques en ligne

Dans les années 2010 est arrivé le streaming, ou lecture à la volée. Ce mode de fonctionnement s’oppose à celui du téléchargement qui nécessitait de récupérer le fichier dans son intégralité pour pouvoir le lire. Dans le cas du streaming, les données sont envoyées et lues au fur-et-à-mesure, ce qui permet l’écoute de musique et le visionnage de vidéos en (quasi) temps réel. Toutefois, la lecture en continu est tout de même un téléchargement informatiquement parlant : les données sont téléchargées dans la mémoire vive pour être lues, mais ne sont pas présentées comme un fichier sur le disque dur de l’internaute.

Des milliers de sites de ce genre existent sur la Toile, notamment pour le visionnage en ligne de films et de séries télé. D’un point de vue légal maintenant, la création (tardive) de plateformes légales de streaming arrive désormais à séduire plus d’internautes. On peut citer Netflix pour les vidéos, et Spotify pour la musique. Elles proposent toutes les deux d’accéder en illimité à leur très large catalogue contre un abonnement.

Cette nouvelle offre légale ne semble toutefois pas avoir converti la grande majorité des utilisateurs puisque Zone Téléchargement dont la fermeture est intervenue en novembre dernier était le onzième site le plus visité de France, devant Cdiscount et Ebay. N’oublions pas que si les hackers derrière ces sites travaillent à rendre du contenu gratuit pour tous, certains ont des intentions bien plus malveillantes et font de la France un des pays les plus sujet au piratage.

Zone Téléchargement qui fut le onzième site le plus visité de France.

Découvrir des articles similaires